L'origine d'une faille
Pour comprendre le sens historique et les
ramifications théoriques et pratiques de cette question, nous
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contraints de suivre la faille d'une polémique célèbre et très ancienne dont
l'une des étapes majeures nous ramène à un changement
sac a main pas cher de
perspective que la Nouvelle Critique, dans les années soixante du siècle passé,
a réussi à imposer aux études littéraires. Peut-être faudrait-il remonter plus
loin pour bien comprendre les enjeux profonds du débat, par exemple jusqu'au
Contre Sainte-Beuve de Marcel Proust, ainsi que nous y invite Dominique
Maingueneau dans son dernier ouvrage[vi]; ou alors jusqu'à l'émergence de
l'esthétique romantique, ou même jusqu'aux fondements
ugg pas cher de la modernité, au
moment où l'œuvre passe d'un statut de mimèsis, c'est-à-dire d'une imitation de
la vie, à celui d'un petit monde créé par un auteur prométhéen (c'est le filon
suivi par Todorov dans son dernier ouvrage[vii]). L'œuvre comme réduit: un petit
monde de papier forgé par un auteur, un monde fictif qui n'aurait cependant rien
à voir avec la nature «mondaine» de son créateur, puisque ce dernier serait un
demi-dieu absent, abandonnant sa création à ses créatures, c'est-à-dire à ses
lecteurs.
La faille entre l'auteur et son lecteur n'a donc jamais cessé de
s'élargir à mesure que se constituait l'autonomie du texte littéraire.
Bourdieu[viii] a montré que cette revendication d'une autonomie de l'œuvre
dépendait également de considérations économiques, c'est-à-dire de l'émergence
du lecteur bourgeois et du marché des biens symboliques engendré par ses
deniers. L'œuvre devenue marchandise ne peut conserver son indépendance et sa
valeur qu'en se lavant du soupçon de «commercialité», c'est-à-dire en feignant
de ne pas s'adresser à ses consommateurs. Cette posture dégagée a eu des
conséquences dramatiques dans le mouvement d'éloignement et dans le divorce
final entre ces deux protagonistes inévitables de l'échange littéraire:
l'auteur-producteur et son lecteur-consommateur. Il n'est pas étonnant de
constater que pour contrer ce mouvement centrifuge au nom de la défense de la
valeur de l'œuvre, les maisons d'édition soucieuses de s'assurer un profit
minimum continuent à forcer ces frères ennemis à se rencontrer lors de séances
de signatures, de lectures publiques ou d'apparitions dans le réseau
multimédiatique; rencontres qui, comme j'ai essayé de le montrer en évoquant
quelques cas concrets, débouchent souvent sur des questions oiseuses
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embarrassées ou irritées. On peut aussi constater une asymétrie inévitable: les
lecteurs continuent à désirer rencontrer leurs auteurs, à les débusquer entre
les lignes, et ce sont ces derniers qui ne consentent à sortir du bois qu'à
contre-cœur, sous la pression de leurs éditeurs (ou de la faim). C'est que les
lecteurs n'ont rien à perdre dans le face-à-face, alors que les auteurs y jouent
leur réputation.
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