LA THEORIE DU SINGULIER
La manière et le style appartiennent l’un et l’autre
au paradigme de la subjectivité mais, anthropologiquement, ils construisent des
modèles sinon inconciliables du moins radicalement opposés. Un des symptômes
majeurs de cette question en littérature reste la proposition célèbre de Buffon
dans son Discours de réception à l’Académie prononcé le 25 août 1753 : « Le
style est l’homme même ».
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puma Le plus souvent décontextualisée, elle a été lue comme un aphorisme et
transformée sous forme clivée : « Le style, c’est l’homme ». Dans cette
perspective, le style renvoie à une caractérologie, il reflèterait les goûts, la
sensibilité, l’imagination d’un même être : il assumerait l’expression d’une
personnalité empirique. La syntaxe segmentée rabat « la manière de l’œuvre sur
la manière de l’individu». Mieux encore, elle induit par transformation un geste
herméneutique, c'est-à-dire qu’elle réduit aussitôt les possibles inscrits dans
la phrase originale de Buffon. Entre les deux constructions,
chapeaux
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manière elle-même. Tout d’abord, il cherche à restituer le contexte même de la
proposition, c'est-à-dire à l’actualiser dans son énonciation. Ensuite, il veut
en souligner l’intrinsèque ambivalence. A contre-tradition, il conteste une
réception du discours académique qui a tiré la phrase vers sa signification
logique. Au lieu de l’intégrer de nouveau au code humaniste, soit à une
conception métaphysique de la subjectivité, l’auteur montre que les termes de la
proposition sont, dans l’ordre énonciatif mais dans cet ordre-là seulement,
réversibles. « Le style, c’est l’homme » a figé dans une direction unique. « Le
style est l’homme même » alors que chez Buffon le style ou l’homme peuvent s’y
présenter « indifféremment thème ou prédicat». L’indécidabilité de la phrase
peut se gloser en « le style, c’est l’homme (même) » mais aussi « l’homme
(même), c’est le style ». Il faut y ajouter l’emphase de l’adjectif indéfini
même qui lie le générique l’homme à une recherche du spécifique, c'est-à-dire
oriente le générique vers le spécifique. Enfin, cette proposition n’est pas non
plus séparable d’une réflexion d’ensemble sur le langage de la part de Buffon :
« Un beau style n’est tel en effet que par le nombre infini des vérités qu’il
présente. Toutes les beautés intellectuelles qui s’y trouvent, tous les rapports
dont il est composé sont autant de vérités aussi utiles, et peut-être plus
précieuses pour l’esprit humain, que celles qui peuvent faire le fond du sujet
». Attentif aux syntagmes employés, beautés intellectuelles, rapports et esprit
humain, Dessons commente ce passage non dans le sens d’une psychologie mais, se
rapportant aux beautés de la pensée, d’une « éthique de l’écriture». Derrière le
style, il faut entendre la manière ! On est loin par conséquent des leitmotive
conventionnels qui, entre la fin du XVIIIe siècle et la première moitié du XIXe
siècle, ont nourri autour du style une vision profondément dualiste. Tandis que
les idées constituent le fond commun des hommes, n’étant à aucun, le style
appartient par contre à un seul. Le moment romantique accuse alors cette logique
en exaltant de façon presque contradictoire une multiplicité de styles. Si bien
que, selon Jacques-Philippe Saint-Gérand, le style tend idéologiquement à
instituer comme référence «
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pas cher l’unicité exemplaire de l’individu ». Mais il suscite du même coup
une continuité, sinon même une confusion dommageable et durable, largement
entretenue par l’opposition polaire à la langue, entre individuation et
individualisation.
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