Or cet humour, que signifie-t-il au juste? Pourquoi intervient-il? Il
est, en réalité, double, ou plutôt il se trouve doté d'une double
fonction. Dans un premier temps, il est indéniable qu'il permet la
construction de dispositifs ludiques. Avec les livres de Pierre Bayard,
le lecteur s'amuse à renverser joyeusement les chronologies, à changer
les attributions de tel ou tel grand classique, à lire des œuvres équipé
d'une gomme et d'un crayon pour les corriger, les raccourcir, les
rallonger, à parler doctement de livres jamais lus, à refaire des
enquêtes policières pour découvrir qu'elles avaient été menées de
travers jusque-là. Cet amusement existe, et il n'est pas rien. C'est, au
milieu de la gravité du monde, une manière de garder quelque chose
d'enfantin dans le rapport à la littérature. Pourtant, avec ce versant
de l'amusement, joue aussi sans cesse autre chose, que Bayard instille
grâce à l'intervention de l'humour dans ses pages: une certaine attaque,
légère, mais précise et qui touche au but, contre l'esprit de
certitude.
Cet humour, ce sera dès lors une manière singulière de
faire jouer le doute, la nuance, la fragilité; là où d'autres
multiplieraient les précautions et les réserves, Bayard, avec
l'intervention de l'humour, trouve une ressource différente pour obliger
le lecteur à ne pas s'enfermer dans la certitude. Ressource plus
exigeante en un sens, qui en tout cas s'impose davantage au lecteur.
S'il est en effet toujours possible de tenir à la marge les précautions
qu'un théoricien formule, pour transformer contre ses intentions son
propos en dogmatisme,
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le lecteur qui se risquerait à trop prendre au sérieux certaines
propositions de Bayard aurait tôt fait de voir le sol se dérober sous
Marc Jacobs pas cher ses pas, et de se trouver ainsi porté comme de force vers l'incertitude. C'est la double
Polo pas cher fonction de l'humour dans cette œuvre, l'une plus secondaire quoique non sans importance, l'autre
Prada pas cher déterminante. C'est elle qui rend l'humour chez Bayard, comme le souligne Jean-Michel Delacomptée, si important.
Mais
l'humour, tous les lecteurs de Bayard le savent, n'est en réalité que
la base avancée de tout un dispositif plus vaste et qui amplifie les
mêmes effets: l'usage généralisé, rigoureux et inventif à la fois, du
paradoxe. En ce sens, comme le souligne dans son texte Christine
Montalbetti, Bayard, plutôt que du chevalier du même nom, tient du Joker
dans Batman: il dynamite l'ordre paisible qui avant lui régnait et rend
instable ce que la plupart des lecteurs, spontanément, voudraient
pouvoir tenir pour assuré.