On s'accorde, en effet, d'ordinaire à lire les Mémoires de guerre
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une entreprise de sublimation de Charles de Gaulle en sa pure fonction de
dirigeant de la France libre. Malraux a cautionné cette interprétation en
parlant dans les Antimémoires de la relation du général de Gaulle «avec le
personnage symbolique qu'il appelle de Gaulle dans
Ceinture pas cher ses Mémoires;
plus exactement, dont il a écrit les Mémoires, où Charles ne paraît jamais[16]».
S'il en était tout à fait ainsi, on comprendrait mal la force de conviction que
la figure mémoriale de ce texte
sac a main pas cher peut
exercer. Il s'agit, afin de compléter cette interprétation, d'analyser la
stratégie gaullienne de mobilisation du sentiment patriotique, et ceci en
partant de ce qui constitue d'une certaine manière l'aboutissement du récit, non
pas sa fin chronologique ou sa conclusion mais le point d'orgue de l'entreprise
de légitimation du général de Gaulle: le défilé sur les Champs-Élysées, le
26août
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y trouve, sous une forme condensée, ce que ces Mémoires ont de plus
significatif:
Devant moi, les Champs-Élysées!
Si loin que porte ma vue, ce
n'est qu'une houle vivante, dans le soleil, sous le tricolore.
Je vais à
pied. […] Il s'agit, aujourd'hui, de rendre à lui-même, par le spectacle de sa
joie et l'évidence de sa liberté, un peuple qui fut, hier, écrasé par la défaite
et dispersé par la servitude. Puisque chacun de ceux qui sont là a, dans son
cœur, choisi Charles de Gaulle comme recours de sa peine et symbole de son
espérance, il s'agit qu'il le voie, familier et fraternel, et qu'à cette vue
resplendisse l'unité nationale. […]
Je vais donc, ému et tranquille, au
milieu de l'exultation indicible de la foule, sous la tempête des voix qui font
retentir mon nom, tâchant, à mesure, de poser mes regards sur chaque flot de
cette marée afin que la vue de tous ait pu entrer dans mes yeux, élevant et
abaissant les bras pour répondre aux acclamations. Il se passe, en ce moment, un
de ces miracles de la conscience nationale, un de ces gestes de la France, qui
parfois, au long des siècles, viennent illuminer notre Histoire. Dans cette
communauté, qui n'est plus qu'une seule pensée, un seul élan, un seul cri, les
différences s'effacent, les individus disparaissent[17].
On sait qu'à Bidault
qui demandait au Général parvenu à l'Hôtel de Ville de proclamer solennellement
la République devant le peuple assemblé, de Gaulle répondit que la République
n'avait jamais cessé d'exister puisque la France libre l'avait, dès la défaite,
incorporée et que lui-même étant le président du gouvernement de la République,
il ne pouvait la proclamer: «Allant à une fenêtre, je salue de mes gestes la
foule qui remplit la place et me prouve, par ses acclamations, qu'elle ne
demande pas autre chose[18].»Toute la valeur du geste politique du chef de la
France libre consiste, ainsi qu'il le répète inlassablement, à paraître et en se
montrant, à témoigner de la pérennité de l'entité nationale.